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Érinnys à l’âme implacable, qui erre dans la nuit, l’entendit du fond de l’Érébos. Et les Kourètes se ruèrent, en fureur et en tumulte, contre les portes de la ville, et ils heurtaient les tours. Et les vieillards Aitôliens supplièrent Méléagros ; et ils lui envoyèrent les sacrés sacrificateurs des Dieux, afin qu’il sortît et secourût les siens. Et ils lui offrirent un très-riche présent, lui disant de choisir le plus fertile et le plus beau domaine de l’heureuse Kalydôn, vaste de cinquante arpents, moitié en vignes, moitié en terres arables. Et le vieux cavalier Oineus le suppliait, debout sur le seuil élevé de la chambre nuptiale et frappant les portes massives. Et ses sœurs et sa mère vénérable le suppliaient aussi ; mais il ne les écoutait point, non plus que ses plus chers compagnons, et ils ne pouvaient apaiser son cœur. Mais déjà les Kourètes escaladaient les tours, incendiaient la Ville et approchaient de la chambre nuptiale. Alors, la belle jeune femme le supplia à son tour, et elle lui rappela les calamités qui accablent les habitants d’une ville prise d’assaut : les hommes tués, les demeures réduites en cendre, les enfants et les jeunes femmes emmenés. Et enfin son âme fut ébranlée au tableau de ces misères. Et il se leva, revêtit ses armes éclatantes, et recula le dernier jour des Aitôliens, car il avait déposé sa colère. Et ils ne lui firent point de nombreux et riches présents, et cependant il les sauva ainsi. Mais ne songe point à ces choses, ami, et qu’un Dieu contraire ne te détermine point à faire de même. Il serait plus honteux pour toi de ne secourir les nefs que lorsqu’elles seront en flammes. Viens ! reçois ces présents, et les Akhaiens t’honoreront comme un Dieu. Si tu combattais plus tard, sans accepter ces dons, tu serais moins honoré, même si tu repoussais le danger loin des nefs.

Et Akhilleus aux pieds rapides lui répondit :

— Ô Phoinix, père divin et vénérable, je n’ai nul besoin