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que la demeure d’Aidès. Et il me donnerait dix et vingt fois plus de richesses qu’il n’en a et qu’il n’en aura, qu’il n’en vient d’Orkhoménos, ou de Thèba dans l’Aigyptia, où les trésors abondent dans les demeures, qui a cent portes, et qui, par chacune, voit sortir deux cents guerriers avec chevaux et chars ; et il me ferait autant de présents qu’il y a de grains de sable et de poussière, qu’il n’apaiserait point mon cœur avant d’avoir expié l’outrage sanglant qu’il m’a fait. Et je ne prendrai point pour femme légitime la fille de l’Atréide Agamemnôn, fût-elle plus belle qu’Aphroditè d’or et plus habile aux travaux qu’Athènè aux yeux clairs. Je ne la prendrai point pour femme légitime. Qu’il choisisse un autre Akhaien qui lui plaise et qui soit un roi plus puissant. Si les Dieux me gardent, et si je rentre dans ma demeure, Pèleus me choisira lui-même une femme légitime. Il y a, dans l’Akhaiè, la Hellas et la Phthiè, de nombreuses jeunes filles de chefs guerriers qui défendent les citadelles, et je ferai de l’une d’elles ma femme légitime bien-aimée. Et mon cœur généreux me pousse à prendre une femme légitime et à jouir des biens acquis par le vieillard Pèleus. Toutes les richesses que renfermait la grande Ilios aux nombreux habitants pendant la paix, avant la venue des fils des Akhaiens, ne sont point d’un prix égal à la vie, non plus que celles que renferme le sanctuaire de pierre de l’archer Phoibos Apollôn, dans l’âpre Pythô. Les bœufs, les grasses brebis, les trépieds, les blondes crinières des chevaux, tout cela peut être conquis ; mais l’âme qui s’est une fois échappée d’entre nos dents ne peut être ressaisie ni rappelée. Ma mère, la Déesse Thétis aux pieds d’argent, m’a dit que deux kères m’étaient offertes pour arriver à la mort. Si je reste et si je combats autour de la ville des Troiens, je ne retournerai jamais dans mes demeures, mais ma gloire sera immortelle. Si je retourne vers ma demeure, dans la terre bien-aimée de ma patrie,