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ment leurs femmes ? Tout homme sage et bon aime la sienne et en prend soin. Et moi aussi, j’aimais celle-ci dans mon cœur, bien que captive. Maintenant que, de ses mains, il m’a arraché ma récompense, et qu’il m’a volé, il ne me persuadera, ni ne me trompera plus, car je suis averti. Qu’il délibère avec toi, ô Odysseus, et avec les autres Rois, afin d’éloigner des nefs la flamme ardente. Déjà il a fait sans moi de nombreux travaux ; il a construit un mur et creusé un fossé profond et large, défendu par des pieux. Mais il n’en a pas réprimé davantage la violence du tueur d’hommes Hektôr. Quand je combattais au milieu des Akhaiens, Hektôr ne sortait que rarement de ses murailles. À peine se hasardait-il devant les portes Skaies et auprès du hêtre. Et il m’y attendit une fois, et à peine put-il échapper à mon impétuosité. Maintenant, puisque je ne veux plus combattre le divin Hektôr, demain, ayant sacrifié à Zeus et à tous les Dieux, je traînerai à la mer mes nefs chargées ; et tu verras, si tu le veux et si tu t’en soucies, mes nefs voguer, dès le matin, sur le Hellespontos poissonneux, sous l’effort vigoureux des rameurs. Et si l’Illustre qui entoure la terre me donne une heureuse navigation, le troisième jour j’arriverai dans la fertile Phthiè, où sont les richesses que j’y ai laissées quand je vins ici pour mon malheur. Et j’y conduirai l’or et le rouge airain, et les belles femmes et le fer luisant que le sort m’a accordés, car le roi Atréide Agamemnôn m’a arraché la récompense qu’il m’avait donnée. Et répète-lui ouvertement ce que je dis, afin que les Akhaiens s’indignent, s’il espère tromper de nouveau quelqu’autre des Danaens. Mais, bien qu’il ait l’impudence d’un chien, il n’oserait me regarder en face. Je ne veux plus ni délibérer, ni agir avec lui, car il m’a trompé et outragé. C’est assez. Mais qu’il reste en repos dans sa méchanceté, car le très-sage Zeus lui a ravi l’esprit. Ses dons me sont odieux, et lui, je l’honore autant