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Il parla ainsi, et tous les fils des Akhaiens applaudirent, admirant le discours du dompteur de chevaux Diomèdès. Et le cavalier Nestôr, se levant au milieu d’eux, parla ainsi :

— Tydéide, tu es le plus hardi au combat, et tu es aussi le premier à l’agora parmi tes égaux en âge. Nul ne blâmera tes paroles, et aucun des Akhaiens ne les contredira ; mais tu n’as pas tout dit. À la vérité, tu es jeune, et tu pourrais être le moins âgé de mes fils ; et, cependant, tu parles avec prudence devant les Rois des Argiens, et comme il convient. C’est à moi de tout prévoir et de tout dire, car je me glorifie d’être plus vieux que toi. Et nul ne blâmera mes paroles, pas même le Roi Agamemnôn. Il est sans intelligence, sans justice et sans foyers domestiques, celui qui aime les affreuses discordes intestines. Mais obéissons maintenant à la nuit noire : préparons notre repas, plaçons des gardes choisies auprès du fossé profond, en avant des murailles. C’est aux jeunes hommes de prendre ce soin, et c’est à toi, Atréide, qui es le chef suprême, de le leur commander. Puis, offre un repas aux chefs, car ceci est convenable et t’appartient. Tes tentes sont pleines du vin que les nefs des Akhaiens t’apportent chaque jour de la Thrèkè, à travers l’immensité de la haute mer. Tu peux aisément beaucoup offrir, et tu commandes à un grand nombre de serviteurs. Quand les chefs seront assemblés, obéis à qui te donnera le meilleur conseil ; car les Akhaiens ont tous besoin de sages conseils au moment où les ennemis allument tant de feux auprès des nefs. Qui de nous pourrait s’en réjouir ? Cette nuit, l’armée sera perdue ou sauvée.

Il parla ainsi, et tous, l’ayant écouté, obéirent. Et les gardes armées sortirent, conduites par le Nestoréide Thasymèdès, prince des peuples, par Askalaphos et Ialménos, fils d’Arès, par Mèrionès, Apharèos et Dèipiros, et par le divin Lykomèdès, fils de Kréôn. Et les sept chefs des gardes