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qu’une vaine beauté ! Que sont devenues vos paroles orgueilleuses, quand, à Lemnos, mangeant la chair des bœufs aux longues cornes, et buvant les kratères pleins de vin, vous vous vantiez d’être les plus braves et de vaincre les Troiens, un contre cent et contre deux cents ? Et maintenant, nous ne pouvons même résister à un seul d’entre eux, à Hektôr qui va consumer nos nefs par le feu. Père Zeus ! as-tu déjà accablé d’un tel désastre quelqu’un des Rois tout-puissants, et l’as-tu privé de tant de gloire ? Certes, je n’ai jamais passé devant tes temples magnifiques, quand je vins ici pour ma ruine, sur ma nef chargée de rameurs, plein du désir de renverser les hautes murailles de Troiè, sans brûler sur tes nombreux autels la graisse et les cuisses des bœufs. Ô Zeus ! exauce donc mon vœu : que nous puissions au moins échapper et nous enfuir, et que les Troiens ne tuent pas tous les Akhaiens !

Il parla ainsi, et le Père Zeus eut pitié de ses larmes, et il promit par un signe que les peuples ne périraient pas. Et il envoya un aigle, le plus sûr des oiseaux, tenant entre ses serres le jeune faon d’une biche agile. Et l’aigle jeta ce faon sur l’autel magnifique de Zeus, où les Akhaiens sacrifiaient à Zeus, source de tous les oracles. Et quand ils virent l’oiseau envoyé par Zeus, ils retournèrent dans la mêlée et se ruèrent sur les Troiens.

Et alors aucun des Danaens innombrables ne put se glorifier, poussant ses chevaux rapides au-delà du fossé, d’avoir devancé le Tydéide et combattu le premier. Et, tout d’abord, il tua un guerrier Troien, Agélaos Phradmonide, qui fuyait. Et il lui enfonça sa pique dans le dos, entre les épaules ; et la pique traversa la poitrine. Le Troien tomba du char, et ses armes retentirent.

Et les Atréides le suivaient, et les deux Aias pleins d’une vigueur indomptable, et Idoméneus, et Mèrionès, tel qu’Arès, compagnon d’Idoméneus, et le tueur d’hommes