Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.

hâte sous les tentes ; et les Troiens aussi s’armaient dans la Ville ; et ils étaient moins nombreux, mais brûlants du désir de combattre, par nécessité, pour leurs enfants et pour leurs femmes. Et les portes s’ouvraient, et les peuples, fantassins et cavaliers, se ruaient au dehors, et il s’élevait un bruit immense.

Et quand ils se furent rencontrés, les piques et les forces des guerriers aux cuirasses d’airain se mêlèrent confusément, et les boucliers bombés se heurtèrent, et il s’éleva un bruit immense. On entendait les cris de joie et les lamentations de ceux qui tuaient ou mouraient, et la terre ruisselait de sang ; et tant qu’Éôs brilla et que le jour sacré monta, les traits frappèrent les hommes, et les hommes tombaient. Mais quand Hélios fut parvenu au faîte de l’Ouranos, le Père Zeus étendit ses balances d’or, et il y plaça deux Kères de la mort qui rend immobile à jamais, la Kèr des Troiens dompteurs de chevaux et la Kèr des Akhaiens aux cuirasses d’airain. Il éleva les balances, les tenant par le milieu, et le jour fatal des Akhaiens s’inclina ; et la destinée des Akhaiens toucha la terre nourricière, et celle des Troiens monta vers le large Ouranos. Et il roula le tonnerre immense sur l’Ida, et il lança l’ardent éclair au milieu du peuple guerrier des Akhaiens ; et, l’ayant vu, ils restèrent stupéfaits et pâles de terreur.

Ni Idoméneus, ni Agamemnôn, ni les deux Aias, serviteurs d’Arès, n’osèrent rester. Le Gérennien Nestôr, rempart des Akhaiens, resta seul, mais contre son gré, par la chute de son cheval. Le divin Alexandros, l’époux de Hélénè aux beaux cheveux, avait percé le cheval d’une flèche au sommet de la tête, endroit mortel, là où croissent les premiers crins. Et, l’airain ayant pénétré dans la cervelle, le cheval, saisi de douleur, se roulait et épouvantait les autres chevaux. Et, comme le vieillard se hâtait de couper les rênes avec l’épée, les rapides chevaux de Hektôr, portant leur