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vous le saurez. Suspendez une chaîne d’or du faîte de l’Ouranos, et tous, Dieux et Déesses, attachez-vous à cette chaîne. Vous n’entraînerez jamais, malgré vos efforts, de l’Ouranos sur la terre, Zeus le modérateur suprême. Et moi, certes, si je le voulais, je vous enlèverais tous, et la terre et la mer, et j’attacherais cette chaîne au faîte de l’Olympos, et tout y resterait suspendu, tant je suis au-dessus des Dieux et des hommes !

Il parla ainsi, et tous restèrent muets, stupéfaits de ces paroles, car il avait durement parlé. Et Athènè, la déesse aux yeux clairs, lui dit :

— Ô notre Père ! Kronide, le plus haut des Rois, nous savons bien que ta force ne le cède à aucune autre ; mais nous gémissons sur les Danaens, habiles à lancer la pique, qui vont périr par une destinée mauvaise. Certes, nous ne combattrons pas, si tu le veux ainsi, mais nous conseillerons les Argiens, afin qu’ils ne périssent point tous, grâce à ta colère.

Et Zeus qui amasse les nuées, souriant, lui dit :

— Reprends courage, Tritogénéia, chère enfant. Certes, j’ai parlé très-rudement, mais je veux être doux pour toi.

Ayant ainsi parlé, il lia au char les chevaux aux pieds d’airain, rapides, ayant pour crinières des chevelures d’or ; et il s’enveloppa d’un vêtement d’or ; et il prit un fouet d’or bien travaillé, et il monta sur son char. Et il frappa les chevaux du fouet, et ils volèrent aussitôt entre la terre et l’Ouranos étoilé. Il parvint sur l’Ida qui abonde en sources, où vivent les bêtes sauvages, et sur le Gargaros, où il possède une enceinte sacrée et un autel parfumé. Le Père des hommes et des Dieux y arrêta ses chevaux, les délia et les enveloppa d’une grande nuée. Et il s’assit sur le faîte, plein de gloire, regardant la ville des Troiens et les nefs des Akhaiens.

Et les Akhaiens chevelus s’armaient, ayant mangé en