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Et Idaios retourna dans la sainte Ilios, où les Troiens et les Dardaniens étaient réunis en agora, attendant son retour. Et il arriva, et, au milieu d’eux, il rendit compte de son message. Et aussitôt ils s’empressèrent de transporter, ceux-ci les cadavres, ceux-là le bois du bûcher. Et les Argiens, de leur côté, s’exhortaient, loin des nefs creuses, à relever leurs morts et à construire le bûcher.

Hélios, à son lever, frappait les campagnes de ses rayons, et, montant dans l’Ouranos, sortait doucement du cours profond de l’Okéanos. Et les deux armées accouraient l’une vers l’autre. Alors, il leur fut difficile de reconnaître leurs guerriers ; mais quand ils eurent lavé leur poussière sanglante, ils les déposèrent sur les chars en répandant des larmes brûlantes. Et le grand Priamos ne leur permit point de gémir, et ils amassèrent les morts sur le bûcher, se lamentant dans leur cœur. Et, après les avoir brûlés, ils retournèrent vers la sainte Ilios.

De leur côté, les Akhaiens aux belles knèmides amassèrent les cadavres sur le bûcher, tristes dans leur cœur. Et, après les avoir brûlés, ils s’en retournèrent vers les nefs creuses. Éôs n’était point levée encore, et déjà la nuit était douteuse, quand un peuple des Akhaiens vint élever dans la plaine un seul tombeau sur l’unique bûcher. Et, non loin, d’autres guerriers construisirent, pour se protéger eux-mêmes et les nefs, de hautes tours avec des portes solides pour le passage des cavaliers. Et ils creusèrent, au dehors et tout autour, un fossé profond, large et grand, qu’ils défendirent avec des pieux. Et c’est ainsi que travaillaient les Akhaiens chevelus.

Et les Dieux, assis auprès du foudroyant Zeus, regardaient avec admiration ce grand travail des Akhaiens aux tuniques d’airain. Et, au milieu d’eux, Poseidaôn qui ébranle la terre parla ainsi :