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réunie devant les portes de Priamos, sur la haute citadelle d’Ilios. Et le sage Antènôr parla ainsi le premier :

— Écoutez-moi, Troiens, Dardaniens et Alliés, afin que je dise ce que mon cœur m’ordonne. Allons ! rendons aux Atréides l’Argienne Hélénè et toutes ses richesses, et qu’ils les emmènent. Nous combattons maintenant contre les serments sacrés que nous avons jurés, et je n’espère rien de bon pour nous, si vous ne faites ce que je dis.

Ayant ainsi parlé, il s’assit. Et alors se leva du milieu de tous le divin Alexandros, l’époux de Hélénè à la belle chevelure. Et il répondit en paroles ailées :

— Antènôr, ce que tu as dit ne m’est point agréable. Tu aurais pu concevoir de meilleurs desseins, et, si tu as parlé sérieusement, certes, les Dieux t’ont ravi l’esprit. Mais je parle devant les Troiens dompteurs de chevaux, et je repousse ce que tu as dit. Je ne rendrai point cette femme. Pour les richesses que j’ai emportées d’Argos dans ma demeure, je veux les rendre toutes, et j’y ajouterai des miennes.

Ayant ainsi parlé, il s’assit. Et, au milieu de tous, se leva le Dardanide Priamos, semblable à un Dieu par sa prudence. Et, plein de sagesse, il parla ainsi et dit :

— Écoutez-moi, Troiens, Dardaniens et Alliés, afin que je dise ce que mon cœur m’ordonne. Maintenant, prenez votre repas comme d’habitude, et faites tour à tour bonne garde. Que dès le matin Idaios se rende aux nefs creuses, afin de porter aux Atréides Agamemnôn et Ménélaos l’offre d’Alexandros d’où viennent nos discordes. Et qu’il leur demande, par de sages paroles, s’ils veulent suspendre la triste guerre jusqu’à ce que nous ayons brûlé les cadavres. Nous combattrons ensuite de nouveau, en attendant que le sort décide entre nous et donne la victoire à l’un des deux peuples.

Il parla ainsi, et ceux qui l’écoutaient obéirent, et l’armée