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terre. Et il baisa son fils bien-aimé, et, le berçant dans ses bras, il supplia Zeus et les autres Dieux :

– Zeus, et vous, Dieux, faites que mon fils s’illustre comme moi parmi les Troiens, qu’il soit plein de force et qu’il règne puissamment dans Troiè ! Qu’on dise un jour, le voyant revenir du combat : Celui-ci est plus brave que son père ! Qu’ayant tué le guerrier ennemi, il rapporte de sanglantes dépouilles, et que le cœur de sa mère en soit réjoui !

Ayant ainsi parlé, il déposa son enfant entre les bras de sa femme bien-aimée, qui le reçut sur son sein parfumé, en pleurant et en souriant ; et le guerrier, voyant cela, la caressa de la main et lui dit :

– Malheureuse, ne te désespère point à cause de moi. Aucun guerrier ne m’enverra chez Aidès contre ma destinée, et nul homme vivant ne peut fuir sa destinée, lâche ou brave. Mais retourne dans tes demeures, prends soin de tes travaux, de la toile et de la quenouille, et mets tes servantes à leur tâche. Le souci de la guerre appartient à tous les guerriers qui sont nés dans Ilios, et surtout à moi.

Ayant ainsi parlé, l’illustre Hektôr reprit son casque à flottante queue de cheval. Et l’Épouse bien-aimée retourna vers ses demeures, regardant en arrière et versant des larmes. Et aussitôt qu’elle fut arrivée aux demeures du tueur d’hommes Hektôr, elle y trouva ses nombreuses servantes en proie à une grande douleur. Et celles-ci pleuraient, dans ses demeures, Hektôr encore vivant, ne pensant pas qu’il revînt jamais plus du combat, ayant échappé aux mains guerrières des Akhaiens.

Et Pâris ne s’attardait point dans ses hautes demeures mais, ayant revêtu ses armes excellentes, d’un airain varié, il parcourait la Ville, de ses pieds rapides, tel qu’un étalon qui, longtemps nourri d’orge à la crèche, ses liens étant rompus, court dans la plaine en frappant la terre et saute