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Et Akhilleus aux pieds rapides, lui répondant, parla ainsi :

― Déesse, il faut observer ton ordre, bien que je sois irrité dans l’âme. Cela est pour le mieux sans doute, car les Dieux exaucent qui leur obéit.

Il parla ainsi, et, frappant d’une main lourde la poignée d’argent, il repoussa sa grande épée dans la gaîne et n’enfreignit point l’ordre d’Athènè.

Et celle-ci retourna auprès des autres Dieux, dans les demeures olympiennes de Zeus tempêtueux.

Et le Pèléide, débordant de colère, interpella l’Atréide avec d’âpres paroles :

― Lourd de vin, œil de chien, cœur de cerf ! jamais tu n’as osé, dans ton âme, t’armer pour le combat avec les hommes, ni tendre des embuscades avec les princes des Akhaiens. Cela t’épouvanterait comme la mort elle-même. Certes, il est beaucoup plus aisé, dans la vaste armée Akhaienne, d’enlever la part de celui qui te contredit, Roi qui manges ton peuple, parce que tu commandes à des hommes vils. S’il n’en était pas ainsi, Atréide, cette insolence serait la dernière. Mais je te le dis, et j’en jure un grand serment : par ce sceptre qui ne produit ni feuilles, ni rameaux, et qui ne reverdira plus, depuis qu’il a été tranché du tronc sur les montagnes et que l’airain l’a dépouillé de feuilles et d’écorce ; et par le sceptre que les fils des Akhaiens portent aux mains quand ils jugent et gardent les lois au nom de Zeus, je te le jure par un grand serment : certes, bientôt le regret d’Akhilleus envahira tous les fils des Akhaiens, et tu gémiras de ne pouvoir les défendre, quand ils tomberont en foule sous le tueur d’hommes Hektôr ; et tu seras irrité et déchiré au fond de ton âme d’avoir outragé le plus brave des Akhaiens.

Ainsi parla le Pèléide, et il jeta contre terre le sceptre aux clous d’or, et il s’assit. Et l’Atréide s’irritait aussi ; mais