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épaisse qui flottait autour. Et les chevaux dociles franchirent ces portes, et les Déesses trouvèrent le Kroniôn assis, loin des Dieux, sur le plus haut sommet de l’Olympos aux cimes sans nombre. Et la divine Hèrè aux bras blancs, retenant ses chevaux, parla ainsi au très-haut Zeus Kronide :

— Zeus, ne réprimeras-tu pas les cruelles violences d’Arès qui cause impudemment tant de ravages parmi les peuples Akhaiens ? J’en ai une grande douleur ; et voici qu’Aphroditè et Apollôn à l’arc d’argent se réjouissent d’avoir excité cet insensé qui ignore toute justice. Père Zeus, ne t’irriteras-tu point contre moi, si je chasse de la mêlée Arès rudement châtié ?

Et Zeus qui amasse les nuées lui répondit :

— Va ! excite contre lui la dévastatrice Athènè, qui est accoutumée à lui infliger de rudes châtiments.

Il parla ainsi, et la divine Hèrè aux bras blancs obéit, et elle frappa ses chevaux, et ils s’envolèrent entre la terre et l’Ouranos étoilé. Autant un homme, assis sur une roche élevée, et regardant la mer pourprée, voit d’espace aérien, autant les chevaux des Dieux en franchirent d’un saut. Et quand les deux Déesses furent parvenues devant Ilios, là où le Skamandros et le Simoïs unissent leurs cours, la divine Hèrè aux bras blancs détela ses chevaux et les enveloppa d’une nuée épaisse. Et le Simoïs fit croître pour eux une pâture ambroisienne. Et les Déesses, semblables dans leur vol à de jeunes colombes, se hâtèrent de secourir les Argiens.

Et quand elles parvinrent là où les Akhaiens luttaient en foule autour de la force du dompteur de chevaux Diomèdès, tels que des lions mangeurs de chair crue, ou de sauvages et opiniâtres sangliers, la divine Hèrè aux bras blancs s’arrêta et jeta un grand cri, ayant pris la forme