Non ! Va-t’en ! La rougeur affreuse au front me monte !
Ah ! Va-t’en ! Je me meurs de honte
Et d’horreur !
Ah ! Tu vois donc en moi le miroir de ta faute !
Oui, c’était une épreuve, et Dieu t’en fait vainqueur !
Christ, sois béni ! Son âme est encor pure et haute !
Écoute : j’ai menti,
Et l’on te croit par mes ordres parti
Pour assurer notre victoire.
Déjà par les guerriers de la Montagne-Noire
Tout ce pays est investi.
Cette nuit, dans une heure,
Au cri : « Que Satan meure ! »
Nous surprendrons les Turcs par la flamme et le fer…
Entends-tu ces alarmes ?
Lève-toi ! Prends tes armes !
Suis-moi dans la mêlée où succombe l’enfer !
Je ne puis plus ! Je suis un lâche !
Maudite soit la femme et maudit soit l’amour !
Mes bras ont déserté leur héroïque tâche ;
Mes yeux ont oublié la lumière du jour !
Tous les degrés de l’infamie,
Je le sens, je les franchirai !
Mes frères, je les livrerai,
Pour un baiser de l’ennemie !
Va-t’en ! Je suis perdu ! je suis déshonoré !
Tu mens !