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de rompre entiérement avec une Perſonne, pour qui on avoit eu quelque inclination.

ÉLÉONORE.

Cela eft très-vrai, mais qu’y faire ?

HÉLÉNE.

Je m’imagine pourtant, qu’il ne ſeroit pas impoſſible de les ramener dans le bon chemin, en repréſentant à l’un ſon excès de gravité & d’oeconomie, & en faiſant comprendre à l’autre la mauvaiſe idée, que ſon humeur volage & ſa vie diſſipée, donnent de lui.

ÉLÉONORE.

Eh ! Ne leur a-t-on pas repréſenté cela cent fois, ſans aucun fruit ? Je ſerois ravie qu’Éraſte fît connoiſſance avec une certaine Dame, à qui je parlai hier, & que je ne vous nommerai pas. Je crois certainement qu’elle Le corrigeroit de ſes défauts. Elle a toutes les qualités qu’il ſouhaite dans une Femme. Elle eſt oeconome, douce, & retenuë ; mais comme elle poſſéde ces qualités au ſuprême degré, cela fait un aſſemblage ſi ridicule, que, s’il la fréquentoit tant ſoit peu, il concevroit infailliblement du dégoût pour ces ſortes de perſonnes, qu’il regarde comme les plus parfaites. En s’y prenant de cette façon, on guerira ſouvent de leur foible des gens, ſur qui les repréſentations n’auront eu aucun pouvoir.

HÉLÉNE.

Où demeure cette Dame ?