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ÉLÉONORE.

C’eſt moi, ſans doute, car une Perſonne, du caractére de votre Frere Eraſte, eſt capable de faire tourner la tête à une Fille. Il fait comme s’il m’aimoit, mais j’oſe vous aſſurer, que depuis qu’il a quelque aſſiduité auprès de moi, il ne m’a jamais parlé d’amour, que d’une façon fort équivoque. Il ſemble que mon humeur, ma conduite, & ma maniére de vivre lui plaiſent ; malgré cela je ſuis aſſurée, que, quelque Honnête-homme qu’il ſoit, s’il venoit à faire la connoiſſance d’une Demoiſelle qui lui parût avoir plus de douceur, & plus d’oeconomie que je n’en ai, il me quitteroit pour s’attacher à elle.

HÉLÉNE.

À l’égard de votre Frère Apicius, je ne ſçaurois dire, que les diſcours qu’il me tient ſoient équivoques. Les déclarations d’amour les plus vives ne lui coutent rien. Mais je ne crois pas devoir faire beaucoup de fonds ſur les diſcours d’un Homme ſi volage. Je commence véritablement à me laſſer de ſes maniéres ; & je ſouhaite de tout mon cœur, qu’il puiſſe trouver une Maitreſſe auſſi volage que lui.

ÉLÉONORE.

Ma foi, ma chére Amie, vous ſerez fort bien, & je vous jure que j’imiterai votre éxemple.

HÉLÉNE.

J’avouë qu’il en coûte un peu ; quand il s’agit