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choses, qu’il les a créées, qu’il les conserve, & que sans son secours elles tomberaient dans le néant  ; suivant ce principe, il est certain qu’il a créé ce qu’on appelle le Diable ou Satan. Or, soit qu’il l’ait créé bon ou mauvais (ce dont il ne s’agit pas ici), il est incontestablement l’ouvrage du premier principe. S’il subsiste, tout méchant qu’il est, comme on le dit, ce ne peut être que par la volonté de Dieu. Or, comment est-il possible de concevoir que Dieu conserve une créature, qui non seulement le haït mortellement & le maudit sans cesse, mais qui s’efforce encore de lui débaucher ses amis pour avoir le plaisir de le mortifier  ? Comment, dis-je, est-il possible que Dieu laisse subsister ce Diable, pour lui faire lui-même tout le chagrin qu’il peut, pour le détrôner s’il était en son pouvoir, et pour détourner de son service ses Favoris & ses Élus  ?

Quel est ici le but de Dieu, ou plutôt que nous veut-on dire en nous parlant du Diable & de l’Enfer  ? Si Dieu peut tout & qu’on ne puisse rien sans lui, d’où vient que le Diable le haït, le maudit, & lui enlève ses amis  ? Ou Dieu y consent, ou il n’y consent pas : S’il y con-