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ce de tous les Êtres, qui les produit sans distinction, les uns n’étant pas préférables aux autres à son égard, & l’homme ne lui coûtant pas plus à produire que le plus petit vermisseau ou la moindre plante.

§. 3.

Il ne faut donc pas croire que l’Être universel, qu’on nomme communément Dieu, fasse plus de cas d’un homme que d’une fourmi, d’un lion plus que d’une pierre. Il n’y a rien à son égard de beau ou de laid, de bon ou de mauvais, de parfait ou d’imparfait. Il ne s’embarrasse point d’être loué, prié, recherché, caressé  ; il n’est point ému de que les hommes font ou disent, il n’est susceptible ni d’amour ni de haine[1]  ; en un mot, il ne s’occupe pas plus de l’homme que du reste des créatures, de quelque nature qu’elles soient. Toutes ces distinctions ne sont que des inventions d’un

  1. Omnis enim per se divum natura necesse est
    Immortali ævo summa cum pace fruatur,
    Semota ab nostris rebus, sejunctaque longe ;
    Nam privata dolore omni, privata periclis,
    Ipsa suis pollens opibus : nihil indiga Nostri,
    Nec bene pro meritis capitur, nec tangitur ira,

        Lucret. de rerum nat Lib, I. vs 57. & seqq.