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§. 22.
De Mahomet.

A peine les disciples du Christ avoient éteint la Loi Mosaïque, pour introduire la Loi Chrétienne, que les hommes, entraînés par leur inconstance ordinaire, suivirent un nouveau législateur, qui s’éleva par les mêmes voies que Moyse. Il prit comme lui le titre de Prophète & d’Envoyé de Dieu  ; comme lui, il fit des miracles, & sut mettre à profit les passions du peuple. D’abord, il se vit escorté d’une populace ignorante, à laquelle il exprimoit les nouveaux Oracles du Ciel. Ces misérables, séduits par les promesses & les fables de ce nouvel imposteur, répandirent sa renommée & l’exaltèrent au point d’éclipser celle de ses Prédécesseurs.

Mahomet n’étoit pas un homme qui parût propre à fonder un Empire, il n’excelloit ni en Politique, ni[1] en Phi-

  1. «  Mahomet, dit le Comte de Boulainvilliers, étoit ignorant des Lettres vulgaires, je veux le croire  ; mais il ne l’étoit pas assûrément de toutes les connaissances qu’un grand voyageur pour acquérir avec beaucoup d’esprit naturel  ; lorsqu’il s’efforce de l’employer utilement. Il n’étoit point ignorant dans sa propre langue, dont l’usage, & non la lecture, lui