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la témérité ni l’audace d’y prétendre, ni même d’y toucher. Pour mieux tromper le Peuple, les Prêtres se proposèrent des Prophètes, des Devins, des Inspirés capables de pénétrer dans l’avenir, ils se vantèrent d’avoir commerce avec les Dieux  ; & comme il est naturel de vouloir savoir sa destinée, ces imposteurs n’eurent garde d’omettre une circonstance si avantageuse à leur dessein. Les uns s’établirent à Délos, les autres à Delphes & ailleurs, où, par des oracles ambigus, ils répondirent aux demandes qu’on leur faisoit : les femmes même s’en mêloient  ; les Romains avoient recours, dans les grandes calamités, aux Livres des Sybilles. Les fous passaient pour des inspirés. Ceux qui feignoient d’avoir un commerce familier avec les morts étaient nommés Nécromanciens  ; d’autres prétendoient connaître l’avenir par le vol des oiseaux ou par les entrailles des bêtes. Enfin, les yeux, les mains, le visage, un objet extraordinaire, tout leur semble d’un bon ou mauvais augure, tant il est vrai que l’ignorance reçoit telle impression qu’on veut, quand on a trouvé le secret de s’en prévaloir[1].

  1. Hobbes ubi suprà de homine Cap. 12, p. 58 & 59.