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cérémonies & par un culte superstitieux aux vains fantômes de l’imagination. C’est de là que dérive le mot de Religion qui fait tant de bruit dans le monde. Les hommes ayant admis des Puissances invisibles qui avaient tout pouvoir sur eux, ils les adorèrent pour les fléchir, & de plus ils s’imaginèrent que la nature étoit un être subordonné à ces Puissances. Dès lors, ils se la figurèrent comme une masse morte, ou comme une esclave qui n’agissoit que suivant l’ordre de ces Puissances. Dès que cette fausse idée eût frappé leur esprit, ils n’eurent plus que du mépris pour la nature, & du respect pour ces êtres prétendus, qu’ils nommèrent leurs Dieux. De là est venue l’ignorance où tant de peuples sont plongés, ignorance d’où les vrais savants les pourroient retirer, quelque profond qu’en soit l’abîme, si leur zèle n’était traversé par ceux qui mènent ces aveugles, & qui ne vivent qu’à la faveur de leurs impostures.

Mais quoi qu’il y ait bien peu d’apparence de réussir dans cette entreprise, il ne faut pas abandonner le parti de la vérité ; quand ce serait qu’en considération de ceux qui se garantissent des symptômes de ce mal, il faut qu’une âme généreuse dise les choses comme elles