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§. 11.

Ces idées sont claires, simples & les seules même qu’un bon esprit puisse se former de Dieu. Cependant il y a peu de gens qui se contentent d’une telle simplicité. Le peuple grossier & accoutumé aux flatteries des sens demande un Dieu qui ressemble aux Rois de la terre. Cette pompe, ce grand éclat qui les environne l’éblouit de telle sorte que lui ôter l’espérance d’aller, après la mort, grossir le nombre des courtisans célestes, pour jouir avec eux des mêmes plaisirs qu’on goûte à la Cour des Rois  ; c’est priver l’homme de la seule consolation qui l’empêche de se désespérer dans les misères de la vie. On dit qu’il faut un Dieu juste & vengeur qui punisse & récompense  ; on veut un Dieu susceptible de toutes les passions humaines, on lui donne des pieds, des mains, des yeux & des oreilles, & cependant on ne veut point qu’un Dieu constitué de la sorte ait rien de matériel. On dit que l’homme est son chef-d’œuvre & même son image, mais on ne veut pas que la copie soit semblable à l’original. Enfin, le Dieu du peuple d’aujourd’hui est sujet