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tente des préjugés de la naissance & l’on s’en rapporte sur les choses les plus essentielles à des personnes intéressées qui se font une loi de soutenir opiniâtrement les opinions reçues & qui n’osent les détruire de peur de se détruire eux-mêmes.

§. 2.

Ce qui rend le mal sans remède, c’est qu’après avoir établi les fausses idées qu’on a de Dieu, on n’oublie rien pour engager le peuple à les croire, sans lui permettre de les examiner  ; au contraire, on lui donne de l’aversion pour les Philosophes ou les véritables Savans, de peur que la raison qu’ils enseignent ne lui fasse connoître les erreurs où il est plongé. Les partisans de ces absurdités ont si bien réussi qu’il est dangereux de les combattre. Il importe trop à ces imposteurs que le peuple soit ignorant, pour souffrir qu’on le désabuse. Ainsi on est contraint de déguiser la vérité, ou de se sacrifier à la rage des faux Savants, ou des âmes basses & intéressées.

§. 3.

Si le peuple pouvoit comprendre en quel abîme l’ignorance le jette, il secoueroit bientôt le joug de ses indignes con-