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pour montrer que la nature ne se propose aucune fin, & que toutes les causes finales e sont que des fictions humaines. Il suffit de prouver que cette doctrine ôte à Dieu les perfections qu’on lui attribue. C’est ce que nous allons faire voir.

Si Dieu agit pour une fin, soit pour lui-même, soit pour quelque autre, il désire ce qu’il n’a point, & il faudra convenir qu’il y a un temps auquel Dieu n’ayant pas l’objet pour lequel il agit, il a souhaité l’avoir  : ce qui est faire un Dieu indigent. Mais pour ne rien omettre de ce qui peut appuyer le raisonnement de ceux qui tiennent l’opinion contraire  ; supposons par exemple qu’une pierre qui se détache d’un bâtiment tombe sur une personne & la tue, il faut bien, disent nos ignorants, que cette pierre soit tombée à dessein pour tuer cette personne , or cela n’a pu arriver que parce que Dieu l’a voulu. Si on leur répond que c’est le vent qui a causé cette chute dans le temps que ce pauvre malheureux passoit, ils vous demanderont d’abord pourquoi il passoit précisément dans ce moment que le vent ébranloit cette pierre. Répliquez-leur qu’il alloit dîner chez un de ses amis qu’il l’en avoit prié, ils voudront savoir pourquoi cet ami l’avoit plutôt prié