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fîmes vuider tant de rasades que sa raison étant en garouage, Frecht obtint sans beaucoup de peine qu’il lui laissât le manuscrit de tribus famosissimis deceptoribus  ; mais il fallut faire un serment exécrable qu’on ne le copieroit pas. À cette condition nous nous en vîmes les maîtres, vendredi à dix heures du soir jusqu’au dimanche au soir que Trawsendorff le viendroit chercher & vuider encore quelques bouteilles de ce vin qui étoit à son goût.

Comme je n’avois pas moins d’envie que Frecht de connoître ce livre, nous nous mîmes aussitôt à le parcourir, bien résolus de ne pas dormir jusqu’au dimanche. Le livre étoit donc bien gros, dira-t-on  ? point du tout, c’étoit un gros in-8o de dix cahiers, sans la lettre qui étoit à la tête, mais d’un si petit caractère, & chargé de tant d’abréviations sans point ni virgules, que nous eûmes bien de la peine à en déchiffrer la première page en deux heures de temps  ; mais alors la lecture nous en devint plus aisée. C’est ce qui me fit proposer à mon ami Frecht un moyen, qui me sent assez l’équivoque Jésuitique, pour avoir une copie de ce célèbre Traité, sans fausser son serment, qui avoit été fait ad men-