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que c’est là qu’ils ont pris occasion de se former des idées fausses du bien & du mal, du mérite & du démérite, de l’honneur & de la honte, de l’ordre & de la confusion, de la beauté & de la difformité, & des autres choses semblables.

§. 3.

Chacun doit demeurer d’accord que tous les hommes sont dans une profonde ignorance en naissant, & que la seule chose qui leur soit naturelle, est de chercher ce qui leur est utile & profitable : de là vient : 1°. qu’on croît qu’il suffit d’être libre de sentir par soi-même qu’on peut vouloir & souhaiter sans se mettre nullement en peine des causes qui disposent à vouloir & à souhaiter, parce qu’on ne les connaît pas  ; 2°. comme les hommes ne font rien que pour une fin qu’ils préfèrent à toute autre, ils n’ont pour but que de connaître les causes finales de leurs actions & ils s’imaginent qu’après cela ils n’ont plus aucun sujet de doute, & comme ils trouvent en eux-mêmes & hors d’eux plusieurs moyens de parvenir à ce qu’ils se proposent, vu qu’ils ont, par exemple, un soleil pour les éclairer, &c., ils ont conclu