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qu’il ne fait ; dans ce cas ne seroit-il pas inutile de l’adorer ou de le prier ? Vu qu’il ne seroit alors que le destin, la nécessité des choses ; ou du moins il seroit soumis aux règles invariables qu’il se seroit imposées à lui-même.

Pour justifier ce dieu des maux qu’il fait éprouver au genre-humain, on nous dit qu’il est juste & que ces maux sont des châtimens qu’il inflige pour les injures qu’il a reçues des hommes. Ainsi l’homme a le pouvoir de faire souffrir son dieu ; mais pour offenser quelqu’un, il faut supposer des rapports entre nous & celui que nous offensons ; quels sont les rapports qui peuvent subsister entre les foibles mortels & l’être infini qui a créé le monde ? Offenser quelqu’un, c’est diminuer la somme de son bonheur, c’est l’affliger, c’est le priver de quelque chose, c’est lui faire éprouver un sentiment douloureux. Comment est-il possible que l’homme puisse altérer le bien-être du souverain tout puissant de la nature, dont le bonheur est inaltérable ? Comment les actions physiques d’un être matériel peuvent-elles influer sur une substance immatérielle, & lui faire éprouver des sentimens incommodes ? Comment une foible créature, qui a reçu de Dieu son être, son organisation, son tempérament, d’où résultent ses passions, sa façon d’agir & de penser, peut-elle agir contre le gré d’une force irrésistible, qui ne consent jamais au désordre ou au péché ?

D’un autre côté la justice, d’après les seules idées que nous puissions nous en former, suppose une disposition permanente de rendre à chacun ce qui lui est dû ; or la théologie nous répète