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CHAPITRE III

Idées confuses & contradictoires de la théologie.


Tout ce qui vient d’être dit nous prouve que, malgré tous les efforts de leur imagination, les hommes n’ont jamais pu s’empêcher de puiser dans leur propre nature les qualités qu’ils ont assignées à l’être qui gouvernoit l’univers. Nous avons déjà entrevu les contradictions nécessairement résultantes du mêlange incompatible de ces qualités humaines, qui ne peuvent convenir à un même sujet, vû qu’elles se détruisent les unes les autres : les théologiens eux-mêmes ont senti les difficultés insurmontables que leurs divinités présentoient à la raison, ils ne purent s’en tirer qu’en défendant de raisonner, qu’en déroutant les esprits, qu’en embrouillant de plus en plus les idées déjà si confuses & si discordantes qu’ils donnoient de leur dieu ; par ce moyen ils l’enveloppèrent de nuages, ils le rendirent inaccessible & ils devinrent les maîtres d’expliquer à leur fantaisie les voies de l’être énigmatique qu’ils faisoient adorer. Pour cet effet ils l’exagerèrent de plus en plus ; ni le tems, ni l’espace, ni la nature entière ne purent contenir son immensité, tout en lui devint un mystère impénétrable. Quoique l’homme dans l’origine eût emprunté de lui-même les couleurs & les traits primitifs dont il composa son dieu ; quoiqu’il en eût fait un monarque puissant, jaloux, vindicatif, qui pouvoit être injuste sans