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de saints, etc. Ces êtres constituèrent différentes classes de divinités intermédiaires qui devinrent les objets des espérances & des craintes, des consolations & des frayeurs des mortels ; ceux-ci ne les inventèrent que dans l’impossibilité de concevoir l’être incompréhensible qui gouvernoit le monde en chef, & dans le désespoir de pouvoir traiter directement avec lui.

Néanmoins à force de méditer, quelques penseurs sont parvenus à n’admettre dans l’univers qu’une seule divinité dont la puissance & la sagesse suffisoient pour le gouverner. Ce dieu fut regardé comme le monarque jaloux de la nature ; on se persuada que ce seroit l’offenser que de donner des rivaux & des associés au souverain à qui seul étoient dus les hommages de la terre ; on crut qu’il ne pouvoit s’accommoder d’un empire divisé ; on supposa qu’un pouvoir infini & qu’une sagesse sans bornes n’avoient besoin ni de partage ni de secours. Ainsi quelques penseurs plus subtils que les autres n’ont admis qu’un seul dieu, & se sont flattés d’avoir fait en cela une découverte très importante. Cependant dès le premier pas leur esprit dut être jetté dans les plus grands embarras par les contrariétés dont il fallut supposer ce dieu l’auteur ; en conséquence on fut forcé d’admettre dans ce dieu monarque des qualités contradictoires, incompatibles, disparates, qui s’excluoient les unes les autres, attendu qu’on lui voyoit produire à chaque instant des effets très opposés, & démentir évidemment les qualités qu’on lui avoit assignées. En supposant un dieu unique l’auteur de toute chose on ne put se dispenser de lui attribuer une bonté, une sagesse, un pouvoir sans limites, d’après ses bienfaits, d’a-