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dieux partagés en deux classes ; les uns furent appellés les grands dieux[1], & formèrent un ordre aristocratique que l’on distingua des petits dieux, ou de la foule des divinités payennes. Cependant les premiers comme les derniers furent soumis au fatum, c’est-à-dire, au destin, qui n’est visiblement que la nature agissante par des loix nécessaires, rigoureuses immuables : ce destin fut regardé comme le dieu des dieux mêmes. On voit qu’il n’est autre chose que la nécessité personnifiée, & qu’il y avoit de l’inconséquence dans les payens à fatiguer de leurs sacrifices & de leurs prières des divinités, qu’ils croyoient soumises elles-mêmes au destin inexorable, dont il ne leur étoit jamais possible d’enfreindre les décrets. Mais les hommes cessent toujours de raisonner dès qu’il est question de leurs notions théologiques.

Ce qui vient d’être dit nous montre encore la source commune d’une foule de puissances mitoyennes, subordonnées aux dieux, mais supérieures aux hommes, dont on a rempli l’univers[2]. Elles furent vénérées sous les noms de nymphes, de demi dieux, d’anges, de démons, de bons & de mauvais génies, d’esprits, de héros,

  1. Les Grecs nommaient les grands dieux Θεοι Καβιροι — Cabiri, les Romains les appelaient Dii majorum gentium ou Dii consentes, parce que toutes les nations s’étaient accordées à diviniser les parties les plus frappantes et les plus agissantes de la nature comme le soleil, le feu, la mer, le temps, etc., tandis que les autres dieux, étaint purement locaux, c’est-à-dire, n’étaient révérés que dans des contrées particulières, ou par des particuliers ; on sait qu’à Rome chaque citoyen avait des dieux pour lui tout seul qu’il adorait sous le nom de Penates, de Lares etc.
  2. Ce sont les Dieux que les Romains nommaient dii medioxumi ; ils les regardaient comme des intercesseurs, des médiateurs, des puissances qu’il fallait révérer pour obtenir leurs faveurs ou pour détourner leur colère ou leur malin vouloir.