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intérêt les hommes ont toujours promis tout l’avantage de cette guerre à la divinité bienfaisante, celle-ci, selon eux, devoit à la fin rester en-possession du champ de bataille ; il fut de l’intérêt des hommes que la victoire lui demeurât.

Lors même que les hommes ne reconnurent qu’un seul dieu, ils supposèrent toujours que les différens départemens de la nature étoient par lui confiés à des puissances soumises à ses ordres suprêmes ; sur lesquelles le souverain des dieux se déchargeoit des soins de l’administration du monde. Ces dieux subalternes furent multipliés à l’infini ; chaque homme, chaque ville, chaque contrée eurent leurs divinités locales & tutélaires ; chaque événement heureux ou malheureux eut une cause divine, & fut la suite d’un décret souverain ; chaque effet naturel, chaque opération, chaque passion dépendirent d’une divinité que l’imagination théologique, disposée à voir des dieux par-tout & à toujours méconnoitre la nature, embellit ou défigura, que la poesie exagéra & anima dans ses peintures, que l’ignorance avide reçut avec empressement & soumission.

Telle est l’origine du polythéisme ; tels sont les fondemens & les titres de l’hiérarchie que les hommes établirent entre les dieux, parce qu’ils se sentirent toujours incapables de s’élever jusqu’à l’être incompréhensible qu’ils avoient reconnu pour le souverain unique de la nature, sans jamais en avoir des idées bien distinctes. Telle est la vraie généalogie de ces dieux d’un ordre inférieur, que les peuples placèrent comme des moyennes proportionelles entre eux & la cause première de toutes les autres causes. Chez les grecs & les romains nous voyons en conséquence les