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lui-même : porte envie, si tu l’oses, au sommeil de l’homicide, du juge inique, de l’oppresseur, du concussionnaire dont la couche est infestée par les torches des furies… tu frémis, sans doute, à la vue du trouble qui agite ce publicain engraissé de la substance de l’orphelin, de la veuve & du pauvre ; tu trembles en voyant les remors qui déchirent ces criminels révérés que le vulgaire croit heureux, tandis que le mépris qu’ils ont d’eux mêmes vengent incessament les nations outragées. Tu vois en un mot le contentement & la paix bannis sans retour du cœur des malheureux à qui je mets sous les yeux les mépris, l’infamie, les châtimens qu’ils méritent. Mais non, tes yeux ne peuvent soutenir les tragiques spectacles de mes vengeances. L’humanité te fait partager leurs tourmens mérités ; tu t’attendris sur ces infortunés, à qui des erreurs, des habitudes fatales rendent le vice nécessaire ; tu les fuis sans les haïr, tu voudrois les secourir. Si tu te compares avec eux, tu t’applaudis de retrouver toujours la paix au fond de ton propre cœur. Enfin tu vois s’accomplir & sur eux & sur toi le décret du destin, qui veut que le crime se punisse lui-même & que la vertu ne soit jamais privée de récompenses. "

Telle est la somme des vérités que renferme le code de la nature ; tels sont les dogmes que peut annoncer son disciple : ils sont préférables, sans doute, à ceux de cette religion surnaturelle qui ne fit jamais que du mal au genre humain. Tel est le culte qu’enseigne cette raison sacrée, l’objet des mépris & des insultes du fanatique, qui ne veut estimer que ce que l’homme ne peut ni