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du cœur de ces criminels divers dont le visage content couvre une ame déchirée. Ne vois-tu pas l’ambitieux tourmenté nuit & jour d’une ardeur que rien ne peut éteindre ? Ne vois-tu pas le conquérant triompher avec remords & régner tristement sur des ruines fumantes, sur des solitudes incultes & dévastées, sur des malheureux qui le maudissent ? Crois-tu que ce tyran entouré de flatteurs qui l’étourdissent de leur ençens n’ait point la conscience de la haîne que ses oppressions excitent & du mépris que lui attirent ses vices, son inutilité, ses débauches ? Penses-tu que ce courtisan altier ne rougisse point au fond de son ame des insultes qu’il dévore & des bassesses par lesquelles il achète la faveur ? " vois ces riches indolens en proie à l’ennui & à la satiété qui suit toujours les plaisirs épuisés. Vois l’avare, inaccessible aux cris de la misère gémir exténué sur l’inutile trésor qu’aux dépens de lui-même il a pris soin d’amasser.

Vois le voluptueux si gai, l’intempérant si riant, gémir secrétement sur une santé prodiguée. Vois la division & la haine régner entre ces époux adultéres. Vois le menteur & le fourbe privés de toute confiance ; vois l’hypocrite & l’imposteur éviter avec crainte tes regards pénétrans & trembler au seul nom de la terrible vérité. Considére le cœur inutilement flétri de l’envieux qui séche du bien être des autres, le cœur glacé de l’ingrat que nul bienfait ne rechaufe, l’ame de fer de ce monstre que les soupirs de l’infortune ne peuvent amollir : regarde ce vindicatif qui se nourrit de fiel & de serpens, & qui dans sa fureur se dévore