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diſciple de la raiſon n’eſt point un inſenſé qui cherche à vous empoiſonner ou à vous communiquer un délire dangereux. S’il arrache la foudre des mains de ces Dieux terribles qui vous épouvantent, c’eſt pour que vous ceſſiez de marcher au milieu des orages dans une route que vous ne diſtinguez qu’à la lueur des éclairs. S’il briſe ces idoles encenſées par la crainte ou enſanglantées par le fanatiſme & la fureur, c’eſt pour mettre en leur place la vérité conſolante propre à vous raſſûrer. S’il renverſe ces temples & ces autels ſi ſouvent baignés de larmes, noircis par des ſacrifices cruels, enfumés par un encens ſervile, c’eſt pour élever à la paix, à la raiſon, à la vertu un monument durable, dans lequel vous trouviez en tout tems un azyle, contre vos frénéſies, vos pasſions, & contre celles des hommes puiſſans qui vous oppriment. S’il combat les prétentions hautaines de ces tyrans déifiés par la ſuperſtition, qui, de même que vos Dieux, vous écraſent ſous un ſceptre de fer ; c’eſt pour que vous jouiſſiez des droits de votre nature ; c’eſt afin que vous ſoyez des hommes libres, & non des eſclaves pour toujours enchaînés dans la miſere ; c’eſt pour que vous ſoyez enfin gouvernés par des hommes & des citoyens, qui chériſſent, qui protegent des hommes ſemblables à eux & des citoyens dont ils tiennent leur pouvoir. S’il attaque l’impoſture, c’eſt pour rétablir la vérité dans ſes droits ſi longtems uſurpés par l’erreur. S’il détruit la baſe idéale de cette morale incertaine ou fanatique qui jusqu’ici n’a fait qu’éblouir vos eſprits ſans corriger vos cœurs, c’eſt pour donner à la ſcience des mœurs une baſe inébranlable dans votre propre nature. Oſez donc écouter ſa voix, bien plus intelligible que ces oracles ambigus que l’impoſtu-