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noître l’origine du monde, la nature de l’homme, les facultés de l’ame, la source du bien & du mal ? Non, sans doute, cette cause imaginaire ou n’explique rien, ou multiplie par elle-même les difficultés à l’infini, ou jette de l’embarras & de l’obscurité sur toutes les matières dans lesquelles on la fait intervenir. Quelque soit la question qu’on agite elle se complique aussitôt qu’on y fait entrer le nom de Dieu : ce nom ne se présente dans les sciences les plus claires qu’accompagné de nuages qui rendent compliquées & énigmatiques les notions les plus évidentes. Quelles idées de morale nous présente votre divinité, sur les volontés & sur l’exemple de laquelle vous fondez toutes les vertus ? Toutes vos révélations ne nous la montrent-elles pas sous les traits d’un tyran qui se joue du genre-humain, qui fait le mal pour le plaisir de mal faire, qui ne gouverne le monde que d’après les règles de ses injustes caprices que vous nous faites adorer ? Tous vos systêmes ingénieux, tous vos mystères, toutes les subtilités que vous avez inventées sont-ils capables de laver votre dieu si parfait des noirceurs dont le bon sens doit le faire accuser ? Enfin n’est-ce pas en son nom que vous troublez l’univers, que vous persécutez, que vous exterminez tous ceux qui refusent de souscrire aux rêveries systématiques par vous décorées du nom pompeux de religion. Convenez donc, ô théologiens ! Que vous êtes, non seulement des systématiques absurdes, mais encore que vous finissez par être atroces & cruels par l’importance que votre orgueil & votre intêret mettent à des systêmes ruineux, sous lesquels vous accablez & la raison humaine & la félicité des nations. "