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des preuves incontestables des systêmes dont ils sont préoccupés. De là ces prétendues démonstrations de l’existence d’un dieu bon, que nous voyons tirer des causes finales, de l’ordre de la nature, de ses bienfaits pour l’homme, etc. Ces mêmes enthousiastes apperçoivent-ils du désordre, des calamités, des révolutions ? Ils en tirent des preuves nouvelles de la sagesse, de l’intelligence, de la bonté de leur dieu, tandis que toutes ces choses semblent aussi visiblement démentir ces qualités que les premières sembloient les confirmer ou les établir. Ces observateurs prévenus sont en extase à la vue des mouvemens périodiques & réglés des astres, des productions de la terre, de l’accord étonnant des parties dans les animaux ; ils oublient pour lors les loix du mouvement, les forces de l’attraction, de la répulsion, de la gravitation, & vont assigner tous ces grands phénomènes à une cause inconnue dont ils n’ont point d’idées. Enfin dans la chaleur de leur imagination ils placent l’homme au centre de la nature ; ils le supposent l’objet & la fin de tout ce qui existe ; c’est pour lui que tout est fait ; c’est pour le réjouir que tout a été créé ; tandis qu’ils ne s’apperçoivent pas que très souvent la nature entière semble se déchaîner contre lui, & le destin s’obstiner à en faire le plus malheureux des êtres[1].

L’athéisme n’est si rare que parce que tout conspire à enivrer l’homme dès l’ âge le plus tendre d’un enthousiasme éblouissant, ou à le gonfler

  1. Les progrès de la saine physique seront toujours funestes à la superstition à qui la nature donnera des démentis continuels. L’astronomie a fait disparaître l’astrologie judiciaire ; la physique expérimentale, l’étude de l’histoire naturelle et de la chimie, mettent les jongleurs, les prêtres, les sorciers dans l’impossibilité de faire des miracles. La nature approfondie doit faire nécessairement disparaître la inutôme que l’ignorance avait mis en sa place.