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vertu par des récompenses, détournée du crime par des châtimens équitables, dégagée d’illusions, de mensonges & de chimeres, seroit infiniment plus honnête & plus vertueuse que ces sociétés religieuses où tout conspire à enivrer l’esprit & à corrompre le cœur.

Quand on voudra s’occuper utilement du bonheur des hommes c’est par les dieux du ciel que la réforme doit commencer ; c’est en faisant abstraction de ces êtres imaginaires, destinés à effrayer des peuples ignorans & dans l’enfance, que l’on pourra se promettre de conduire l’homme à sa maturité. On ne peut trop le répéter ; nulle morale sans consulter la nature de l’homme & ses vrais rapports avec les êtres de son espèce. Nuls principes fixes pour la conduite en la réglant sur des dieux injustes, capricieux, méchans. Nulle saine politique, sans consulter la nature de l’homme vivant en société pour satisfaire ses besoins & assûrer son bonheur & ses jouissances. Nul bon gouvernement ne peut se fonder sur un dieu despotique, il fera toujours des tyrans de ses représentans. Nulles loix ne seront bonnes sans consulter la nature & le but de la société. Nulle jurisprudence ne peut être avantageuse pour les nations, si elle se règle sur les caprices & les passions des tyrans divinisés. Nulle éducation ne sera raisonnable, si elle ne se fonde sur la raison & non sur des chimeres & des préjugés. Enfin nulle vertu, nulle probité, nuls talens sous des maîtres corrompus, & sous la conduite de ces prêtres, qui rendent les hommes ennemis d’eux-mêmes & des autres, & qui cherchent à étouffer en eux les germes de la raison, de la science & du courage.