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considérons attentivement les choses nous verrons que sous de tels chefs la religion & la politique sont de véritables écoles de parjure. Aussi les fripons de tous états ne reculent jamais quand il s’agit d’attester le nom de dieu dans les fraudes les plus manifestes & pour les plus vils intérêts. à quoi servent donc les sermens ? Ce sont des piéges auxquels la simplicité seule pourroit se laisser prendre ; les sermens sont par-tout de vaines formalités, ils n’en imposent point aux scélérats & n’ajoûtent rien aux engagemens des ames honnêtes, qui, même sans sermens, n’eussent point eu la témérité de les violer. Un superstitieux parjure & perfide n’a, sans doute, aucun avantage sur un athée qui manqueroit à ses promesses ; l’un & l’autre ne méritent pas plus la confiance de leurs concitoyens ni l’estime des gens de bien : si l’un ne respecte pas son Dieu qu’il croit, l’autre ne respecte ni sa raison, ni sa réputation, ni l’opinion publique, auxquelles tout homme sensé ne peut refuser de croire.[1]

On a souvent demandé s’il y avoit une nation qui n’eût aucune idée de la divinité, & si un peuple uniquement composé d’athées pourroit

    superstitieuse et la plus nombreuse, que l’on ne doit point garder la foi aux hérétiques. Le concile général de Constance l’a ainsi décidé, quand malgré le sauf conduit de l’empereur ; il fit brûler Jean Hus et Jérôme de Prague. Le pontife romain a, comme on sait, le droit de relever ses sectaires de leurs sermens et de leurs vœux ; ce même pontife s’est souvent arrogé le droit de déposer les rois et d’absoudre leurs sujets du serment de fidélité.

    Il est très singulier que les sermens soient prescrits par les Loix des nations qui professent la religion chrétienne, tandis que le christ les a formellement défendus.

  1. « Un serment, dit Hobbes, n’ajoute rien à l’obligation, il ne fait qu’augmenter l’imagination de celui qui jure la crainte de violer un engagement qu’il serait obligé de tenir même sans aucun serment. »