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te matière, au point de leur faire un devoir de traiter avec la dernière barbarie des hommes qui s’écartent de leur façon de penser. Un hérétique, un incrédule cessent d’être des hommes aux yeux du superstitieux. Toutes les sociétés, infectées du venin de la religion, nous offrent des exemples sans nombre d’assassinats juridiques que les tribunaux commettent sans scrupules & sans remords ; des juges, équitables sur toute autre matière, ne le sont plus dès qu’il s’agit des chimeres théologiques ; en se baignant dans le sang ils croient se conformer aux vues de la divinité. Presque par-tout les loix subordonnées à la superstition se rendent complices de ses fureurs ; elles légitiment ou transforment en devoirs les cruautés les plus contraires aux droits de l’humanité[1]. Tous ces vengeurs de la religion, qui de gaieté de cœur, par piété, par devoir lui immolent les victimes qu’elle leur désigne, ne sont-ils pas des aveugles ? Ne sont-ils pas des tyrans qui ont l’injustice de violer la pensée, qui ont la folie de croire que l’on peut l’enchaîner ? Ne sont-ils pas des fanatiques à qui la loi, dictée par des préjugés inhumains, impose la nécessité de devenir des bêtes féroces ? Tous ces souverains qui pour venger le ciel tourmentent & persécutent leurs sujets & sacrifient des victimes humaines à la mechanceté de leurs dieux antropophages, ne sont-ils pas des hommes que le zèle religieux convertit en des Tigres ? Ces prêtres si soigneux du salut des ames, qui forcent insolemment le sanctuaire

  1. Le président de Grammont rapporte, avec une satisfaction vraiment digne d’un Cannibale, les détails du supplice de Vanini, brûlé à Toulouse, quoiqu’il eût désavoué les opinions dont il était accusé. Ce président va jusqu’à trouver mauvais les cris et les hurlemens que les tourmens arrachèrent à cette malheureuse victime de la cruauté religieuse.