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théisme, & que c’est la crainte des châtimens à venir qui détermine des hommes corrompus à faire des efforts pour anéantir le juge qu’ils ont des raisons de redouter. On conviendra sans peine que ce sont les passions & les intérêts des hommes qui les poussent à faire des recherches ; sans intérêt nul homme n’est tenté de chercher, sans passion nul homme ne cherchera vivement. Il s’agit donc d’examiner ici si les passions & les intérêts qui déterminent quelques penseurs à discuter les droits des dieux sont légitimes ou non. Nous venons d’exposer ces intérêts & nous avons trouvé que tout homme sensé trouvoit dans ses inquiétudes & ses craintes des motifs raisonnables pour s’assûrer s’il est nécessaire de passer sa vie dans des transes continuelles. Dira-t-on qu’un malheureux injustement condamné à gémir dans les fers n’est pas en droit de desirer de les briser, ou de prendre les moyens de s’affranchir de sa prison & des supplices qui le menacent à chaque instant ? Prétendra-t-on que sa passion pour la liberté n’a rien de légitime & qu’il fait tort aux compagnons de sa misère en se dérobant lui-même aux coups de la tyrannie & en leur fournissant des secours pour s’y soustraire ? Un incrédule est-il donc autre chose qu’un échappé de la prison universelle où l’imposture tyrannique retient tous les mortels ? Un athée qui écrit n’est-il pas un échappé qui fournit à ceux de ses associés assez courageux pour le suivre les moyens de se soustraire aux terreurs qui les ménacent ? [1]

  1. Les prêtres répètent sans cesse que c’est l’orgueil, la vanité, le désir de se distinguer du commun des hommes qui déterminent à l’incrédulité. Ils font en cela comme les grands qui traitent d’insohns tous ceux qui refusent de ramper devant eux. Tout homme sensé ne serait-il pas en droit de demander à un prêtre, où est ta supériorité en matière de raisonnement ? Quel motif puis-je avoir de