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dirai-je, il y a d’autres causes ; il y a le desir de connoitre des vérités intéressantes ; il y a le puissant intérêt de sçavoir à quoi s’en tenir sur l’objet que l’on nous annonce comme le plus important pour nous ; il y a la crainte de se tromper sur un être qui s’occupe des opinions des hommes & qui ne souffre pas que l’on se trompe sur son compte. Mais quand ces motifs ou ces causes ne subsisteroient pas, l’indignation ou, si l’on veut la mauvaise humeur, ne sont-elles pas des causes légitimes, des motifs honnêtes & puissans pour examiner de près les prétentions & les droits d’un tyran invisible au nom duquel on commet tant de crimes sur la terre ? Tout homme qui pense, qui sent, qui a du ressort dans l’ame, peut-il donc s’empêcher de prendre de l’humeur contre un despote farouche, qui est visiblement le prétexte & la source de tous les maux dont le genre-humain est assailli de toutes parts ? N’est-ce pas ce dieu fatal qui est à la fois la cause & le prétexte du joug de fer qui l’opprime, de l’asservissement où il vit, de l’aveuglement qui le couvre, de la superstition qui l’avilit, des pratiques insensées qui le gênent, des querelles qui le divisent, des violences qu’il éprouve ? Toute ame en qui l’humanité n’est point éteinte ne doit-elle pas s’irriter contre un phantôme que l’on ne fait parler en tout pays que comme un tyran capricieux, inhumain, déraisonnable.

A des motifs si naturels nous en joindrons de plus pressans encore, de plus personnels à tout homme qui réfléchit. En est-il un plus fort que la crainte importune que doit faire naître & alimenter sans cesse dans l’esprit de tout raisonneur conséquent l’idée d’un dieu bizarre, si sensible