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Un athée intempérant & voluptueux n’est pas un homme plus à craindre qu’un superstitieux qui sçait allier la licence, le libertinage, la corruption des mœurs à ses notions religieuses. S’imagine-t-on de bonne foi qu’un homme parce qu’il est athée, ou parce qu’il ne craint point la vengeance des dieux, s’enivrera tous les jours, corrompra la femme de son ami, forcera la porte de son voisin, se permettra tous les excès les plus nuisibles à lui-même ou les plus dignes de châtiment ? Les vices de l’athée n’ont donc rien de plus extraordinaire que ceux de l’homme religieux, ils n’ont rien à se reprocher. Un tyran qui seroit, incrédule ne seroit pas pour ses sujets un fléau plus incommode qu’un tyran religieux ; les peuples de celui-ci en seront-ils plus heureux de ce que le tigre qui les gouverne croit en Dieu, comble ses prêtres de présens & s’humilie à leurs pieds ? Au moins sous l’empire d’un athée, on ne doit point appréhender les vexations religieuses, les persécutions pour des opinions, les proscriptions, ou ces violences inouies dont, sous les princes les plus doux, les intérêts du ciel sont souvent les prétextes. Si une nation est la victime des passions & des folies d’un souverain mécréant, elle ne le sera pas au moins de son entêtement aveugle pour des systêmes théologiques qu’il n’entend pas, ni de son zele fanatique, qui de toutes les passions des rois est toujours la plus destructive & la plus dangereuse. Un tyran athée qui persécuteroit pour des opinions seroit un homme inconséquent à ses principes ; il ne fourniroit qu’un exemple de plus que les mortels suivent bien plus leurs passions, leurs intérêts, leurs tempéramens que leurs spéculations. Il est au moins évident