Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/35

Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE II

De la mythologie & de la théologie.


la nature, les élémens furent, comme on vient de le voir, les premières divinités des hommes ; ils ont toujours commencé par adorer des êtres matériels, & chaque individu, comme on a dit, & comme on peut le voir dans les nations sauvages, se fait un dieu particulier de tout objet physique qu’il suppose être la cause des événemens qui l’intéressent ; jamais il ne va chercher hors de la nature visible la source de ce qui lui arrive ou des phénomènes dont il est témoin ; comme il ne voit par tout que des effets matériels, il les attribue à des causes du même genre ; incapable dans sa simplicité primitive de ces rêveries profondes & de ces spéculations subtiles, qui sont les fruits du loisir, il n’imagine point une cause distinguée des objets qui le frappent, ni d’une essence totalement différente de tout ce qu’il apperçoit.

L’observation de la nature fut la première étude de ceux qui eurent le loisir de méditer ; ils ne pûrent s’empêcher d’être frappés des phénomènes du monde visible. Le lever & le coucher des astres, le retour périodique des saisons, les variations de l’air, la fertilité & la stérilité des champs, les avantages & les dommages causés par les eaux, les effets tantôt utiles & tantôt terribles du feu, furent des objets propres à les faire penser. Ils durent naturellement croire que des êtres qu’ils voyoient se mouvoir d’eux-mêmes agissoient par