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dont on est capable, l’athée peut y prétendre ; son ame courageuse & tendre ne sera point criminelle en faisant éclater son indignation légitime contre des préjugés fatales au bonheur du genre-humain.

Écoutons néanmoins les imputations que les théologiens font aux athées ; examinons de sang-froid & sans humeur les injures qu’ils vomissent contre eux : il leur semble que l’athéisme soit le dernier degré du délire de l’esprit & de la perversité du cœur : intéressés à noircir leurs adversaires, ils ne montrent l’incrédulité absolue que comme l’effet du crime ou de la folie. On ne voit pas, nous disent-ils, tomber dans les horreurs de l’athéisme des hommes qui ont lieu d’espérer que l’état à venir sera pour eux un état de bonheur. En un mot, selon nos théologiens c’est l’intérêt des passions qui fait que l’on cherche à douter de l’existence d’un être, à qui l’on est comptable de l’abus de cette vie ; c’est la crainte du châtiment qui fait seule les athées : on nous répéte sans cesse les paroles d’un prophête hébreu, qui prétend qu’il n’y a que la folie qui puisse faire nier l’existence de la divinité[1]. À en croire quelques autres rien de plus noir que le cœur d’un athée, rien de plus faux que son esprit : l’athéisme, selon eux, ne peut être que le fruit d’une conscience bourrelée, qui cherche à se débarrasser de la cause qui la trouble. On a raison, dit Derham, de regarder un athée comme un monstre parmi les êtres raisonnables ; comme une de

  1. Dixit insipiens in corde suo non est Deus. En retranchant la négation la proposition seroit plus vraie. Ceux qui voudront voir les injures que le fiel théologien sait répandre sur les athées, n’ont qu’à lire un ouvrage du Dr. Bentley, traduit en latin sous le titre De Stultitiâ Athéismi. in 8vo.