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distinctement énoncées, eût-il pu comprendre les mystères de la nature présentés sous des emblêmes & sous des mots entrecoupés !

En voyant le déchaînement qu’excitent parmi les théologiens les opinions des athées, & les supplices qui, à leur instigation, furent souvent décernés contre eux, ne seroit-on pas autorisé de conclure que ces docteurs, ou ne sont pas aussi sûrs qu’ils le disent de l’existence de leur dieu, ou ne regardent pas les opinions de leurs adversaires comme aussi absurdes qu’ils le prétendent ? Ce n’est jamais que la défiance, la foiblesse & la crainte qui rendent cruel ; on n’a point de colère contre ceux qu’on méprise : on ne regarde point la folie comme un crime punissable ; on se contenteroit de rire d’un insensé qui nieroit l’existence du soleil, on ne le puniroit pas si l’on n’étoit soi-même insensé. La fureur théologique ne prouvera jamais que la foiblesse de sa cause ; l’inhumanité de ces hommes intéressés dont la profession est d’annoncer des chimeres aux nations, nous prouve qu’eux seuls tirent parti de ces puissances invisibles, dont ils se servent avec succès pour effrayer les mortels[1]. Ce sont pourtant ces tyrans des esprits qui, peu conséquens dans leurs principes, défont d’une main ce qu’ils élèvent de l’autre : ce sont eux qui, après avoir fait une divinité remplie de bonté, de sagesse & d’équité, la diffament, la décrient, l’anéantissent tout-à-fait, en disant qu’elle est cruelle, qu’elle est capricieuse, injuste & despotique, qu’el-

  1. Lucien suppose Jupiter qui, disputant avec Menippe, veut le foudroyer ; surquoi le philosophe lui dit, ah ! tu le fâches ; tu prens ton foudre ? Tu as donc tort.