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d’agir, n’a pas besoin pour expliquer les phénomènes de l’univers & les opérations de la nature, d’imaginer des puissances idéales, des intelligences imaginaires, des êtres de raison, qui, loin de faire mieux connoître cette nature, ne font que la rendre capricieuse, inexplicable, méconnoissable, inutile au bonheur des humains.

Ainsi les seuls hommes qui peuvent avoir des idées simples & vraies de la nature, sont regardés comme des spéculateurs absurdes ou de mauvaise foi ! Ceux qui se forment des notions intelligibles de la force motrice de l’univers, sont accusés de nier l’existence de cette force : ceux qui fondent tout ce qui s’opére dans ce monde sur des loix constantes & sûres, sont accusés d’ attribuer tout au hazard, ils sont taxés d’aveuglement & de délire par des enthousiastes dont l’imagination, toujours égarée dans le vuide, attribue les effets de la nature à des causes fictives, qui n’existent que dans leur propre cerveau, à des êtres de raison, à des puissances chimériques, que l’on s’obstine à préférer à des causes réelles & connues. Nul homme dans son bon sens ne peut nier l’énergie de la nature, ou l’existence d’une force en vertu de laquelle la matière agit & se met en mouvement ; mais nul homme, à moins de renoncer à la raison, ne peut attribuer cette force à un être placé hors de la nature, distingué de la matière, n’ayant rien de commun avec elle. N’est-ce pas dire que cette force n’existe pas, que de prétendre qu’elle réside dans un être inconnu, formé par un amas de qualités inintelligibles, d’attributs incompatibles, d’où résulte nécessairement un tout impossible ? Les élémens indestructibles, les atômes d’Epicure, dont le mouvement, le concours