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le bon sens n’a jamais discutés. En conséquence quiconque entreprend de déchirer le bandeau des préjugés, paroît un insensé, un citoyen dangereux ; sa sentence est prononcée d’une voix presqu’unanime ; l’indignation publique, attisée par le fanatisme & l’imposture, fait qu’on ne veut point l’entendre ; chacun se croiroit coupable, s’il ne faisoit éclater sa fureur contre lui, & son zèle en faveur du dieu terrible dont on suppose la colère provoquée. Ainsi l’homme qui consulte sa raison, le disciple de la nature est regardé comme une peste publique ; l’ennemi d’un phantôme nuisible est regardé comme l’ennemi du genre-humain ; celui qui voudroit établir une paix solide entre les hommes est traité comme un perturbateur de la société ; on proscrit tout d’une voix celui qui voudroit rassurer les mortels effrayés en brisant les idoles sous lesquelles le préjugé les oblige de trembler. Au seul nom d’un athée, le superstitieux frissonne, le déiste lui-même s’allarme, le prêtre entre en fureur, la tyrannie prépare ses buchers, le vulgaire applaudit aux châtimens que les loix insensées décernent contre le véritable ami du genre-humain.

Tels sont les sentimens auxquels doit s’attendre tout homme qui osera présenter à ses semblables la vérité que tous semblent chercher ; mais que tous craignent de trouver, ou méconnoissent quand on la leur veut montrer. Qu’est-ce, en effet, qu’un athée ? C’est un homme qui détruit des chimeres nuisibles au genre-humain pour ramener les hommes à la nature, à l’expérience, à la raison. C’est un penseur, qui ayant médité la matière, son énergie, ses propriétés & ses façons