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chemin de la vie ? Pourquoi multiplier les maux auxquels votre sort vous expose ? Quels avantages pouvez-vous attendre d’une divinité que les efforts réunis du genre-humain entier n’ont encore pu vous faire connoître ? Ignorez donc ce que l’esprit humain n’est pas fait pour comprendre ; laissez-là vos chimeres ; occupez-vous de vérités ; apprenez l’art de vivre heureux ; perfectionnez vos mœurs, vos gouvernemens, vos loix ; songez à l’éducation, à l’agriculture, aux sciences vraiment utiles ; travaillez avec ardeur ; forcez par votre industrie la nature à vous être propice & les dieux ne pourront rien contre votre félicité. Abandonnez à des penseurs oisifs, à des enthousiastes inutiles, le travail infructueux de sonder des abîmes dont vous devez détourner vos regards. Jouissez des biens attachés à votre existence présente ; augmentez en le nombre ; ne vous élancez jamais au delà de votre sphère. S’il vous faut des chimeres, permettez à vos semblables d’avoir les leurs ; & n’égorgez point vos frères quand ils ne pourront pas délirer comme vous. Si vous voulez des dieux, que votre imagination les enfante ; mais ne souffrez point que ces êtres imaginaires vous enivrent au point de méconnoître ce que vous devez aux êtres réels avec qui vous vivez.