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se détruire ou de se dissoudre les uns plutôt & les autres plus tard. Tout être en se dissolvant fait éclore des êtres nouveaux ; ceux-ci se détruiront à leur tour pour exécuter éternellement les loix immuables d’une nature qui n’existe que par les changemens continuels que subissent toutes ses parties. Cette nature ne peut être regardée ni comme bonne ni comme méchante ; tout ce qui se fait en elle est nécessaire. Cette même matière ignée, qui est en nous le principe de la vie, devient souvent le principe de notre destruction, de l’incendie d’une ville, de l’explosion d’un volcan. Cette eau qui circule dans nos fluides si nécessaires à notre existence actuelle, devenue trop abondante, nous suffoque, est la cause de ces inondations qui souvent viennent engloutir la terre & ses habitans. Cet air sans lequel nous ne pouvons respirer, est la cause de ces ouragans & de ces tempêtes qui rendent inutiles les travaux des mortels. Les élémens sont forcés de se déchaîner contre nous lorsqu’ils sont combinés d’une certaine manière ; & leurs suites nécessaires sont ces ravages, ces contagions, ces famines, ces maladies, ces fléaux divers pour lesquels nous implorons à grands cris des puissances sourdes à nos voix : elles n’exaucent jamais nos vœux que lorsque la nécessité qui nous affligeoit a remis les choses dans l’ordre que nous trouvons convenable à notre espèce ; ordre relatif qui fut & qui sera toujours la mesure de tous nos jugemens.

Les hommes ne firent donc point des réflexions si simples ; ils ne virent point que tout dans la nature agissoit par des loix inaltérables ; ils regardèrent les biens qu’ils éprouvoient comme des faveurs, & leurs maux comme des signes de colère