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Dieu se moqueroit de nos prières, & tôt ou tard il faudroit subir la rigueur du sort qu’il nous destine.

Cela posé, celui qui peut se détromper des notions affligeantes de la divinité, a sur le superstitieux crédule & tremblant, l’avantage d’établir en ce monde dans son cœur une tranquillité momentanée, qui le rend au moins plus heureux en cette vie. Si l’étude de la nature a fait disparoître pour lui les chimeres, dont le superstitieux est infesté, il jouit d’une sécurité dont celui-ci se voit privé. En consultant cette nature, ses craintes se dissipent, ses opinions vraies ou fausses prennent de la fixité, la sérénité succéde aux orages, que les terreurs paniques & des notions flottantes excitoient dans le cœur de tout homme qui s’occupe de la divinité. Si l’ame rassurée du philosophe ose considérer les choses de sang froid, il ne voit plus l’univers gouverné par un tyran implacable, toujours prêt à frapper. S’il a de la raison, il voit qu’en commettant le mal, il ne met point la nature en désordre, il n’outrage point son moteur ; il se nuit à lui seul, ou il nuit à des êtres capables de sentir les effets de sa conduite ; il connoit alors la règle de ses devoirs ; il préfère la vertu au vice, & pour son propre repos, sa satisfaction, sa félicité permanente en ce monde, il se sent intéressé à pratiquer la vertu, à la rendre habituelle à son cœur, à fuir le vice, à détester le crime pendant tout le tems de son séjour parmi les êtres intelligens & sensibles, dont il attend son bonheur. En s’attachant à ces régles, il vivra content de lui-même, & chéri de tous ceux qui seront à portée d’éprouver l’influence de ses actions ; il attendra sans inquiétude le terme de son existence, il n’au-