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en son nom, ou d’interprêter ses volontés suivant ses propres fantaisies.

La théologie est vraiment le tonneau des danaïdes. à force de qualités contradictoires & d’assertions hazardées, elle a, pour ainsi dire, tellement garoté son dieu, qu’elle l’a mis dans l’impossibilité d’agir. En effet, quand même on supposeroit l’existence du dieu théologique, & la réalité des attributs si discordans qu’on lui donne, l’on ne peut en rien conclure, pour autoriser la conduite ou les cultes qu’on prescrit de lui rendre. S’il est infiniment bon, quelle raison aurions-nous de le craindre ? S’il est infiniment sage, de quoi nous inquiéter sur notre sort ? S’il sait tout, pourquoi l’avertir de nos besoins, & le fatiguer de nos prières ? S’il est par-tout, pourquoi lui élever des temples ? S’il est le maître de tout, pourquoi lui faire des sacrifices & des offrandes ? S’il est juste, comment croire qu’il punisse des créatures qu’il a remplies de foiblesses ? Si sa grace fait tout en elles, quelle raison auroit-il de les récompenser ? S’il est tout-puissant, comment l’offenser, comment lui résister ? S’il est raisonnable, comment se mettroit-il en colère contre des aveugles, à qui il a laissé la liberté de déraisonner ? S’il est immuable, de quel droit prétendrions-nous faire changer ses décrêts ? S’il est inconcevable, pourquoi nous en occuper ? S’il a parlé, pourquoi l’univers n’est-il pas convaincu ? Si la connoissance d’un dieu est la plus nécessaire, pourquoi n’est-elle pas la plus évidente & la plus claire ?

Mais d’un autre côté, le dieu théologique a deux faces. Cependant, s’il est colère, jaloux, vindicatif & méchant (comme la théologie le sup-